Condamnation à mort de l’auteur de l’incendie meurtrier du studio Kyoto Animation


Shinji Aoba, transporté sur une civière au poste de police de Fushimi, à Kyoto, le 27 mai 2020.

La peine capitale a été prononcée, jeudi 25 janvier, selon des médias japonais, à l’encontre de Shinji Aoba, reconnu coupable d’avoir provoqué l’incendie d’un studio d’animation qui avait fait 36 morts en 2019. L’homme, âgé de 45 ans, faisait face à cinq chefs d’accusation, dont ceux de meurtre, tentative de meurtre et incendie criminel.

Cet incendie, survenu le 18 juillet 2019, à Kyoto (Ouest), l’un des crimes ayant fait le plus de victimes dans l’Archipel depuis des décennies, avait déclenché une vague d’émotion et d’indignation au Japon et à l’étranger. La plupart des victimes étaient de jeunes employés du studio Kyoto Animation, surnommé « KyoAni », dont une femme de 21 ans. Plus de trente autres personnes avaient été blessées.

« Je ne pensais pas qu’autant de gens allaient mourir et je pense maintenant que je suis allé trop loin », avait déclaré l’accusé au premier jour de son procès, en septembre 2023. « Je pense que je dois payer pour mon crime avec [cette peine] », avait-il aussi estimé lors d’une autre audience en décembre, lorsqu’il avait été interrogé sur le souhait des familles des victimes de le voir condamné à mort.

D’après plusieurs témoignages, il avait fait irruption dans le bâtiment du studio et répandu de l’essence avant d’y mettre le feu en criant : « Vous allez mourir ! » Les pompiers avaient décrit l’incendie comme « sans précédent » et souligné que son extinction et le sauvetage des personnes présentes avaient été « extrêmement difficiles ».

Des allégations « délirantes »

Shinji Aoba voulait se venger contre KyoAni parce qu’il était persuadé que cette société lui avait volé une idée de scénario, une allégation fermement rejetée par le studio et que les procureurs avaient qualifié de « délirante ».

L’incendiaire lui-même avait été gravement brûlé dans le sinistre, et ses blessures ont nécessité de multiples opérations chirurgicales. Il a comparu à son procès en fauteuil roulant.

Ses avocats ont plaidé non-coupable en arguant qu’il n’avait pas eu « la capacité de faire la distinction entre le bien et le mal » du fait de troubles psychiatriques. Mais, pour les procureurs, l’accusé avait « prémédité son acte avec une forte intention meurtrière et il était parfaitement conscient des dangers impliqués par un feu allumé avec de l’essence ». Le tribunal a, lui, estimé jeudi que M. Aoba « n’était ni atteint de démence ni ne souffrait d’une diminution de ses capacités mentales au moment du crime », a rapporté la NHK.

La douleur des familles de victimes

« J’aurais dû (…) dire [à ma fille] de ne pas aller travailler ce matin-là », a déclaré cette semaine au quotidien Mainichi la mère de Naomi Ishida, l’une des victimes, qui était âgée de 49 ans. « Même s’il est condamné à la peine de mort, Naomi et les autres ne reviendront pas. Je me sens vide », a ajouté cette femme.

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« S’il vous plaît, rendez-moi ma fille », a imploré la mère d’une victime qui a péri, à l’âge de 26 ans, dans l’incendie de KyoAni, et qui s’était exprimée au procès de M. Aoba en décembre. « J’aimerais revenir à ce jour-là et mourir avec elle, pour être au moins à ses côtés », avait-elle ajouté, citée par la chaîne de télévision publique NHK.

Avec les Etats-Unis, le Japon est l’un des rares démocraties à pratiquer encore la peine de mort, qui y est appliquée par pendaison. L’opinion publique nippone y reste majoritairement favorable, malgré les critiques à l’étranger. La dernière exécution dans le pays, où plus de cent condamnés se trouvent dans le couloir de la mort, remonte à 2022.

Le Monde avec AFP



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Catégorie article Politique

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